« Il y avait là une femme qui souffrait d’hémorragie depuis douze ans. Elle avait dépensé tout son avoir en médecins et rien n’avait pu la guérir. Elle s’approcha de Jésus, toucha la frange de son vêtement, et à l’instant même, son hémorragie s’arrêta. Alors, Jésus lui dit : ta foi t’a sauvée. Va en paix ! » Luc 8-40-56.
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Il y a plusieurs manières de lire ce magnifique texte. On peut en faire un événement presque banal dans le registre des guérisons. On peut aussi le décrypter avec des clés bibliques, en fonction de ce que nous vivons aujourd’hui dans l’Eglise et au cœur d’un monde en plein bouleversement. De nos jours, un des slogans pour le don du sang est formulé pour frapper les esprits : « Le sang, c’est la vie ! ». C’est exactement ce que disait déjà la Bible . Car dans la tradition biblique, le sang, ce n’est pas l’hémoglobine, c’est le flux de la vie qui anime tous les vivants. C’est pourquoi on le retrouve à la base de l’alliance entre Dieu et son peuple, comme un rappel rituel de ce que les dix paroles sont données pour transmettre la vie. « Voici que je mets devant toi la vie et la mort, le bonheur et le malheur. Choisis donc la vie, pour que tu vives ! » (Dt 30.15 ).
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Une femme s’avance auprès de Jésus, avec humilité, mais avec une grande confiance. Elle subit une grave perte de sang depuis 12 ans et cela l’épuise de plus en plus. Cela la rend également impure selon les prescriptions de la loi. Son approche de Jésus va complètement changer sa situation, car elle a déjà tout essayé pour guérir mais sans succès. Rappelons-nous l’épisode de la Samaritaine. Lorsque Jésus rencontrait cette femme au puits de Jacob, et que le dialogue s’engageait sur l’eau vive qui sauve, ce n’est pas seulement une personne individuelle que Jésus guidait vers le Dieu de l’alliance, mais c’est la Samarie tout entière, représentée par cette femme aux multiples maris (baals) c'est-à-dire aussi aux diverses croyances qui éloignent du vrai Dieu...
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Ici, la femme qui perd son sang et son énergie vitale représente sans doute une des premières communautés balbutiantes de la génération chrétienne du 1er siècle. Nous savons par les épîtres de Paul qu’il y avait des communautés mal en point et par l’Apocalypse de Jean que même des Eglises récentes étaient quasiment en voie d’extinction, en raison d’une foi mal enracinée. Mais cette femme hémorragique peut tout aussi bien illustrer la figure malade de l’Eglise du 21ème siècle en proie à de graves problèmes de survie spirituelle...mais les jeunes du monde entier sont de plus en plus croyant. Il suffit de se rappeler des JMJ avec Jean-Paul II....
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Perdre son sang, c’est s’épuiser peu à peu, ne plus avoir assez de vitalité pour donner de l’énergie à l’ensemble du corps. Alors, que fait la femme ? Elle s’approche humblement de Jésus, sur le côté, et dans un élan de confiance, elle entre en contact avec lui, par les franges de son vêtement ou plus précisément par les tsitsit de son tallit, son châle de prière. Ce détail est significatif, car dans un tallit, il y a quatre franges plus longues que les autres, que l’on tient dans sa main rassemblées, lors de la prière, et cela pour exprimer que la bienveillance de Dieu englobe tout l’univers, par les quatre points cardinaux. Et Jésus admiratif de la foi qu’elle a manifestée en sa présence, lui dit : va en paix, ou : avance vers le Seigneur !
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Si cette femme représente l’Eglise actuelle, en proie à des difficultés considérables qui l’épuisent, une communauté de foi parfois vidée de sa substance spirituelle en raison de dérives malheureuses, alors cette Eglise doit aller vers le Christ avec la même humilité et la même confiance. C’est seulement au contact de cette présence régénérante du véritable Messie, Jesus de Nazareth, qu’elle retrouvera sa santé spirituelle, et qu’elle arrêtera ses hémorragies en vocations, en fidèles, en crédibilité. C’est seulement en touchant les tsitsit du châle de prière du Christ qu’elle reprendra conscience de ce qu’elle est profondément, et de toutes les ressources que lui offre l’histoire du salut. Elle s’éloignera des pantocrators païens qui l’ont défigurée pour se recentrer dans le Christ des 10 commandements et des béatitudes, le Messie de l’alliance dont Jesus est le précurseur et le porteur voulu par Dieu. C’est en lui que l’Eglise est greffée, c’est de lui, que lui vient la sève spirituelle indispensable à sa vie.
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Cette malheureuse femme avait essayé tous les spécialistes possibles pour arrêter sa perte de sang et de flux vital. Aucun résultat. L’Eglise peut bien se donner de la peine en essayant tous les plans pastoraux les plus complexes, et même tenter tous les trucs pour « attirer » les fideles aux ceremonies dominicales...ou encore, se donner un visage qui plaise aux forces adversaires, elle ne sera réellement elle-même qu’en approchant la réalité du Christ portant son tallit de la priere, c'est-à-dire le Christ biblique, seul capable de lui transmettre la vitalité dont elle a urgemment besoin. C’est de la vitalité de la Parole de Dieu, de la prière, et de l’eucharistie dont nous avons besoin, mais dans l’Esprit de ce Christ vivant par delà sa mort, de ce Christ actualisateur de l’enseignement des pères, des prophètes et des sages apôtres du Christ ressuscité.
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Face aux anémies spirituelles de nos communautés, devant les multiples hémorragies qui affectent l’Eglise, rappelons-nous que « c’est dans le sang de l’Agneau que renaîtra la multitude des appelés au salut »(Ap 7.14) et que chaque fois que nous élevons la coupe de bénédiction, nous redisons notre désir de communion au sang du Christ, vivant hier, aujourd’hui, et demain.
I am saying is that Christianity is not whatever anybody and everybody wants it to be. It is something which has an objective content and an objective historical reality....
ويحمل كتاب البابا الجديد " يسوع الناصري " حادثة صلب المسيح كما وردت في الإنجيل، ومطالبة سكان القدس بإنزال عقوبة الصلب به
ويعتبر البابا أن الإشارة في الإنجيل إلى أن الذين أصروا على الصلب هم "اليهود" لا يشير إلى كل الشعب اليهودي، بل إلى كهنة الهيكل، بل وحتى البعض منهم فقط، ولا يوجد رابط بين الإشارة القديمة وبين المعنى العرقي المميز لليهود اليوم.